Interview croisée avec Vettel et Ecclestone

mercredi 29 juin 2011 - 11h43 - Antoine Le Gall.
Pour le compte du site officiel de la F1, Bernie Ecclestone, le patron de la FOM, et Sebastian Vettel, le champion du monde en titre, se sont prêtés au jeu de l'interview croisée.


Vettel et Ecclestone s'entendent très bien...


Bernie, vous rappelez-vous quand vous avez félicité Sebastian après qu'il ait remporté le titre?
Bernie Ecclestone: "Je ne suis pas vraiment sûr de l'avoir félicité. Je suppose que je lui ai dit 'Bien joué'."
Sebastian Vettel: "C'est vrai. Il a dit 'Bien joué'."

Bernie, vous avez toujours été convaincu que Sebastian allait gagner le championnat. Pourquoi?
BE: "Parce que vous ne pouvez pas cacher vos talents. J'ai essayé avec moi et je n'y arrive pas (rires)."

Pourquoi vous vous entendez si bien?
BE: "Nous sommes du même âge (rires) et je cherche toujours les gars je peux battre au backgammon..."
SV: "... et c'est pourquoi nous ne sommes plus amis! (Sourire)."
BE: "C'est vrai, parce que Seb a momentanément le dessus, mais soyez sûr que je vais rebondir."
SV: "Pour en revenir à la réalité, bien sûr je connaissais Bernie grâce à la télévision quand j'ai commencé en F1. J'ai été totalement surpris quand nous nous sommes rencontrés, il m'a accueilli à bras ouverts et m'a respecté dès les premiers instants. Il m'a laissé sans voix, comme quand il m'a offert de venir vers lui à chaque fois que je sentais que j'allais avoir un problème. Je me souviens aussi lorsque j'ai obtenu ma super licence à Istanbul, il est venu vers moi en disant: 'Ne la gâche pas, garçon!'."

Quelle a été votre moment le plus émouvant en F1. Était-ce à Abu Dhabi l'an dernier après avoir remporté le titre?
SV: "Pour être honnête, sur le podium à Abu Dhabi, je me sentais un peu vide et perdu. Je n'avais pas vraiment réalisé ce qui venait de se passer. C'était un rêve devenu réalité de tester une F1 - donc quand le titre était acquis, c'était presque un peu trop pour moi."
BE: "Cette mentalité est tout ce qui compte. Je ne devrais probablement pas dire ça, mais je suis sûr que Seb ferait des courses sans même être payé. Mais cela ne signifie pas que je suggère qu'il devrait courir gratuitement."
SV: "Mais c'est le fond de la question. Avec tout le glamour qui nous entoure, certains semblent oublier pourquoi nous sommes ici. J'essaie de garder les pieds sur terre. Je ne me sens pas meilleur que mes amis d'école."

Bernie s'est-il déjà plaint que vous soyez trop dominant cette saison?
SV: "Il devrait?"
BE: "Sebastian est dans une position similaire à celle de Michael (Schumacher). Sebastian est le meilleur en ce moment et c'est pourquoi il est dominant, et c'est ce qui le rend si intéressant pour les fans, parce que chaque week-end de course commence avec un gros point d'interrogation - qui sera en mesure de battre Vettel?"

Etiez-vous surpris qu'il soit si dominant après avoir remporté le titre?
BE: "Non, parce qu'il a une volonté absolue de gagner - et il a tout en mains pour le faire."

Diriez-vous que ses concurrents n'ont pas cette volonté?
BE: "Non, mais probablement que d'autres n'ont pas la voiture pour."

Bernie, vous avez vu de nombreux champions. Qui ressemble le plus à Sébastien?
BE: "Il me rappelle Jochen Rindt. Seb va toujours garder les pieds sur terre, peu importe la taille de sa réussite. C'est ce qui fait de vrais champions. Ce fut aussi la force de Jochen. De plus les deux sont mauvais perdants..."
SV: "Comme c'est vrai! Même au backgammon! (Rires) Mon expression était quelque peu semblable à celle que j'avais après avoir perdu la course au Canada."

Bernie, qu'avez-vous pensé quand Schumacher a été si près de Vettel, après l'une des phases de voiture de sécurité à Montréal?
BE: "J'ai été un peu triste que Michael ne monte pas sur le podium."
SV: "J'étais complètement détendu parce que je savais qu'avec Michael derrière moi, il aurait garder les autres à distance. Nous savons tous combien il est difficile de doubler Michael... (rires)"

Aimeriez-vous conduire pour Ferrari?
SV: "Que les choses soient claires. Gagner des courses n'est pas facile; gagner des championnats encore moins - avec n'importe quelle équipe. Je me sens complètement heureux chez Red Bull. Bien sûr, Ferrari et Mercedes sont des légendes énormes, mais je ne suis pas dans le mythe en ce moment."

Il y a des gens qui affirment que Ferrari dominait parce qu'elle avait Schumacher et Red Bull parce qu'ils ont Sebastian ...
BE: "L'inverse est vrai. La compétition à laquelle est confronté Sebastian est beaucoup plus grande que celle qu'a subi Michael. Cela rend les victoires de Seb encore plus remarquables."

Voyez-vous Sebastian et Lewis (Hamilton) en tant que co-équipiers?
BE: "Sebastian ne doit pas s'inquiéter au sujet de quiconque en tant que coéquipier. Il est le meilleur."
SV: "Merci beaucoup! (Rires) En fin de compte, je ne perds pas trop de temps à réfléchir sur qui pourrait être mon coéquipier. Je veux être le meilleur et je dois donc les battre tous, avec la même voiture ou une autre. Je ne demanderais jamais à mon équipe de me trouver un coéquipier à mon goût, mais je m'attends à deux choses de celui qui a le second cockpit: l'honnêteté et le respect."
BE: "Regardez les contrats des pilotes que nous avons aujourd'hui. Ils ont parfois 80 pages ou plus. Et pourquoi? Parce que personne ne fait confiance à personne. Aujourd'hui les pilotes viennent en piste avec un entourage - un manager, un secrétaire, un psychologue et un kinésithérapeute! C'est ridicule. Quand j'avais mon équipe, mes contrats avec mes pilotes n'avaient que deux pages maximum. S'il y a la confiance, vous n'avez pas besoin de plus."
SV: "Le mien a cinquante pages ..."

Entre vous deux, combien de pages aurait un contrat?
Les deux simultanément: "Rien du tout!"
SV: "Bien sûr, Bernie est un homme d'affaires avisé. Mais il aime aussi ce qu'il fait ..."
BE: "Exactement. Sinon, je ne le ferais pas."
SV: "Bernie est un vrai gentleman. Je le savais dès le premier instant."
BE: "Idem!"

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